Article tiré de la Revue Lions Magazine de Janvier 2024
ENTRETIEN: DES LIONS MOBILISÉS
Bérangère Flament
QUAND LES INONDATIONS TOUCHENT LE NORD…
Des Lions mobilisés pour aider les sinistrés
Du 1er au 5 décembre 2023, une dizaine de Lions par jour, parmi lesquels Philip Farrugia et Bruno Decherf, sont intervenus, sous l’égide et l’encadrement de la Protection civile du Pas-de-Calais, pour venir en aideaux sinistrés des inondations. Le président du Conseil des gouverneurs et le gouverneur du District 103 Nord témoignent de leur ressenti sur place et des actions du Lions international face aux catastrophes naturelles. Entretiens.
Le Pas-de-Calais et le Nord doivent faire face à des inondations répétées. Tu t’es rendu sur le terrain en novembre et décembre. Quelles ont été tes premières impressions ?
Bruno Decherf : Une sidération face à la situation et l’angoisse des populations. Un sentiment de solidarité également envers tous les sinistrés de la part des bénévoles dont le Lions international, la Protection civile, les pompiers… J’ai aussi remarqué la résilience des sinistrés lors de la première vague, mais elle s’émousse…
Qu’est-ce qui t’a le plus choqué ?
Bruno : Le désespoir de beaucoup de gens. Surtout ceux avec des moyens limités qui se savent un peu condamnés à rester sur ces zones inondées.
Quelle est la rencontre avec des sinistrés qui t’a le plus marqué ?
Bruno : Celle avec des gens relativement âgés et qui voulaient nous donner un coup de main. Ils ne savaient pas quoi faire pour nous remercier. Je me souviens, à Clairmarais, de notre intervention chez une personne âgée. Elle ne vivait, de toute évidence, pas dans l’opulence, mais a voulu absolument donner à chacun des deux Lions et à la personne de la Protection civile, par l’intermédiaire de ses enfants, un paquet de gaufres.
L’appel aux bonnes volontés dans les clubs a-t-il été entendu comme tu le souhaitais ?
Bruno : En terme fi nancier, cela a été très bien reçu puisque, grosso modo, la moitié des dons provient du district 103 Nord. Pour la présence sur le terrain, la difficulté à mobiliser a été plus grande, certains estimant que ce n’était pas notre boulot. Personnellement, c’est quelque chose qui me tient à cœur d’apporter un soutien à ceux qui souffrent. Tout simplement parce que partout où il y a un besoin, il y a un Lion.
Les clubs des zones impactées ont dû être particulièrement sollicités. À qui et à quoi ont-ils donné priorité ?
Bruno : Nous avons repéré de seize à vingt clubs sur les zones 31 et 32touchés par le secteur des inondations. Ils ont tout de suite réagi pour aider les sinistrés. Beaucoup ont préparé des repas, des collations, pour les sinistrés et les bénévoles. Nombre de clubs ont organisé des collectes pour réunir des couvertures et des petits matériels à redistribuer. Ils ont donné priorité à l’urgence matérielle, en général en lien avec les communes.
Outre des Lions du district 103 Nord, d’autres districts sont-ils venus prêter main-forte ?
Bruno : Oui, quatre Lions des Ardennes sont venus pendant quatre jours pour nettoyer. On note également que les districts qui ont déjà été touchés par des catastrophes naturelles sont particulièrement généreux sur le plan de l’aide financière.
Vous étiez sous la direction de la Protection civile, comment les rôles ont-ils été répartis ? Quelle a été l’organisation sur place ?
Bruno : On ne peut pas s’improviser sauveteurs ! La Protection civile, accompagnée par l’autorité préfectorale, nous prêtait le matériel. Nous étions répartis dans des camionnettes, toujours accompagnés par une personne de la Protection civile, pour pomper et nettoyer.
Un appel aux dons a été lancé. Plus de 40 000 euros avaient été récoltés avant les nouvelles inondations. À quoi cette collecte va-t-elle servir en priorité ?
Bruno : Nous sommes même aujourd’hui à 45 000 euros. La première décision du bureau a été d’utiliser cette somme pour une aide qui sera complémentaire à ce qui est déjà réalisé. Une quinzaine de milliers d’euros ont été distribués aux premiers secours mi-janvier. Avec les responsables de la LCIF de notre district, nous travaillons sur un dossier de reconstruction avec contrepartie de 50 % de la part de la LCIF. Peut-être que d’autres partenaires y seront associés, car nous allons essayer de trouver un projet d’envergure.
Est-il toujours possible pour les clubs et les Lions de donner ? Si oui, de quelle façon ?
Bruno : Oui, bien sûr, en envoyant les dons à notre trésorier de district, Alain Delevallée, en stipulant « inondations district Nord ».
Les murs des habitations étaient à peine secs que l’eau a de nouveau inondé les mêmes communes. Les besoins sur place sont-ils les mêmes ?
Bruno : Hélas oui. Les besoins sont les mêmes et portent sur le pompage et le nettoyage.
Un engagement du district 103 Nord sur la durée auprès des sinistrés est-elle envisagée ?
Bruno : Oui et d’ailleurs, suite à la seconde vague d’inondations, nous sommes aussi intervenus sur le terrain dans les mêmes conditions sur les week-ends des 13 et 14 décembre et des 20 et 21 janvier. Et j’ai rencontré, le 19 janvier 2024, le directeur général de la zone nord de la Protection civile pour voir comment pérenniser les actions quand elles doivent être menées au pied levé et comment aider les sinistrés…
ENTRETIEN AVEC LE LION PHILIP FARRUGIA
Propos recueillis par Bérangère Flament
« Il est impératif de comprendre que la culture Lions se diffuse principalement par le biais du service »
Le district multiple a-t-il pris des dispositions particulières pour les victimes des inondations dans les Hauts-de-France ?
Philip Farrugia : Dès les premiers instants, le gouverneur Bruno Decherf a sensibilisé le Conseil des gouverneurs 2023-2024 aux inondations dans le Nord. Les échanges intenses sur ce sujet ont permis de prendre pleinement conscience des événements et de comprendre comment aider au mieux les Lions et la population. Par conséquent, il a été convenu que chaque district contribuerait financièrement, dans la mesure de ses moyens, à la collecte de fonds « premiers secours » concernant les inondations dans le district Nord.
Des événements climatiques (inondations, incendies, tremblements de terre…) surprennent des habitants un peu partout et de plus en plus fréquemment. Le Lions club international doit-il envisager une aide plus importante à apporter aux sinistrés ?
Philip : Les événements météorologiques, tels que les inondations, les incendies et les tremblements de terre, sont malheureusement de plus en plus fréquents. Ces dernières années, le monde a été touché par divers phénomènes climatiques, par exemple le tremblement de terre en Turquie qui a fait 50 000 morts ou bien les incendies dans le sud de la France. Notre mouvement international a bien pris conscience de ce problème et a inclus les « catastrophes naturelles » parmi ses huit causes principales soutenues par notre fondation internationale : la LCIF. Par conséquent, les sujets liés à l’environnement doivent être parmi nos principales préoccupations en tant que Lions. C’est pourquoi le Conseil des gouverneurs 2023-2024 a décidé de créer la commission environnement. Cette commission, sous la direction de notre gouverneur de liaison, Hervé Cadin, a pour objectif de sensibiliser les Lions aux enjeux environnementaux. En effet, la nouvelle génération de bénévoles qui rejoint notre mouvement souhaite que nous nous engagions dans des actions en faveur de l’environnement et pour lutter contre les problèmes climatiques.
Tu as tenu à venir dans les Hauts-de-France, auprès de la population touchée par les inondations. La présence physique est-elle, pour toi, un complément nécessaire à l’aide financière ?
Philip : En tant que président du Conseil 2023-2024, et tout simplement entant que Lions, j’ai voulu me déplacer, dans les Hauts-de-France, pour être auprès de la population touchée par les inondations. Le meilleur soutien que je pouvais apporter à mon gouverneur et aux Lions du Nord fut de montrer que j’étais avec eux et que je pouvais, moi aussi, « mettre la main à la pâte ». Être Lion, c’est exactement ça. Servir sur le terrain car, là où il y a un besoin, il y a un Lion. Sur le plan personnel, je voudrais remercier les Lions du Nord pour leur aide car j’ai pu partager avec eux un moment émouvant qui a fait naître en moi un sentiment de fierté d’avoir pu vraiment me sentir utile. Au-delà de l’aide fi nancière que chaque district peut apporter, il est impératif de comprendre que la culture Lions se diffuse principalement par le biais du service. La force du lionisme en France est le maillage de son territoire avec nos 1 250 clubs et nos 22 500 membres. C’est grâce à cette présence sur le terrain que nous pouvons réellement avoir un impact positif dans la vie des gens. Comme le disait Nelson Mandela : « Il ne peut y avoir de plus grand cadeau que celui de donner son temps et son énergie pour aider les autres sans rien attendre en retour. »